texte intégral paru dans "angers journal.fr" le 7 octobre 2000, retour page précédente
07 Octobre 2000 : Angers : la rocade de tous les dangers
La rocade de l'agglomération angevine connaît de sérieux problèmes. Embouteillages à répétition, accidents en augmentation, c'est toute une ville qui est victime de son trafic d'affluence. Reportage sur un périphérique qui fait toujours le plein...
"Autoroute FM, Olivier Trucheau...
Bienvenue à tous, 16h30 sur Autoroute FM, un point sur vos conditions de circulation. Une
circulation qui s'intensifie. Attention si vous êtes sur l'A11 à la traversée d'Angers
qui peut poser problème en fin d'après midi..." Comme tous les jours serions-nous
tentés de rajouter. En cette fin d'après-midi du vendredi, veille du week-end, à
l'heure où les Angevins quittent le boulot, la rocade ouest d'Angers est en pleine
effervescence. Les travaux sur les glissières de sécurité ne sont pas là pour arranger
l'écoulement d'un trafic particulièrement dense.
Dans le goulot d'étranglement, au niveau du complexe sportif du Lac de Maine, ça
klaxonne, ça fume, ça ronchonne. Le premier soir du week-end n'est pas de tout repos.
C'est devenu une mauvaise habitude. Ici, notamment quand il pleut, on ne passe qu'au
ralenti. La veille, les automobilistes ont déjà pu s'entraîner au jeu de la patience le
long de la Maine, en attendant le remorquage d'un poids-lourd venu s'écraser contre les
glissières. Un autre classique du genre sur ce boyau turbulent.
En 1999, soixante-sept accidents corporels ont eu lieu sur les voies
sur berge. Sur les soixante-quatre mille véhicules par qui les empruntent chaque
jour, le chiffre peut paraître dérisoire. C'est sans compter sur tous les autres
"petits" pépins de la circulation. Francis Nourry, le conducteur du camion,
peut en témoigner. Lors d'un récent sondage sur Angersjournal.fr, à la question
"selon vous, les voies sur berges d'Angers sont... ", plus de 40% des
internautes les qualifient de "vrai cauchemar" et 39% pensent qu'elles sont
"dangereuses". Seulement 10% des réponses trouvent qu'elles sont
"acceptables" et 6% "pratiques" (5% sans opinion). Autant dire que ces
fameuses voies sur berges n'ont pas la cote. Une grande majorité d'Angevins ne semble pas
vraiment rassurée à l'idée d'emprunter les deux-voies qui longent la Maine. A juste
titre.
Lors du conseil de rentrée du District Urbain d'Angers, le 19 septembre dernier, son
président, Jean Monnier, a rappelé la nécessité de construire au plus vite le
contournement Nord-Angers. "L'agglomération souffre de ses voies sur berges
saturées où l'on dénombre une augmentation de 40% des interventions liés accidents en
un an", a-t-il déclaré. Selon Gérard Barron, responsable à la direction
départementale de l'équipement (DDE), "les rocades d'Angers
approchent d'une capacité limite et le remède reste la construction du tronçon
autoroutier au nord de la ville". Chaque jour, quatre-vingt-douze mille
véhicules passent au niveau du pont de l'Atlantique, entre le lac de Maine et le
château. Un sapeur pompier habitué à intervenir sur les différentes rocades dresse un
constat sans concession: "c'est un véritable stock-car ! La nuit, les interventions
sont fréquentes. C'est surtout de la taule froissée mais c'est vraiment rare lorsque on
ne va pas au moins une fois là-bas".
Une intervention par jour en moyenne, pour le pompier, c'est bien la
"surpopulation" qui est à l'origine de ces problèmes. Gérard Baron confirme:
"La DDE effectue plus de neuf cents interventions par an sur le périphérique
d'Angers. Il y a des accidents mais surtout des incidents liés à la fréquentation. Ce
sont des conflits de trafic, des difficultés sur la circulation locale. C'est une voie
qui assure encore l'écoulement mais on ne sait pas pour combien de temps".
Michel, 28 ans, emprunte le périphérique tous les jours pour rejoindre le campus de
Belle-Beille. Il raconte: "Vers 17 heures, c'est une sorte de goulot d'étranglement
qui n'arrive pas à évacuer le flot de voitures. On sent le trop-plein ". Même
constat pour Morgan, photographe de 24 ans, pour qui "il y a beaucoup, beaucoup trop
de voitures! J'ai des horaires décalés, j'évite donc les embouteillages. Mais aux
heures de pointe, c'est vraiment limite!".
Avec ses 230.000 habitants, l'agglomération angevine compte environ
cinquante kilomètres de rocade où l'on recense soixante mille véhicules. A titre
de comparaison, à Nantes, pour plus de cinq cent mille habitants, le périphérique
s'étend sur quarante-deux kilomètres et reçoit aussi en moyenne soixante mille
véhicules chaque jour.
Retour sur place samedi matin. La grande journée des achats est l'occasion pour des
milliers d'automobilistes d'affluer vers les centres commerciaux. Vers 10h, aux abords du
centre commercial Grand Maine, la circulation est assez fluide. Avec le début
d'après-midi surgissent les premiers ralentissements. Heureusement, les travaux sont
achevés et ne perturbent pas davantage un trafic dense. Et puis c'est week-end, les
automobilistes sont plus cools, les poids-lourds absents...Une période de répit
bienvenue. On pourrait presque arroser ça, en faisant sauter quelques... bouchons.