22 novembre 2000

«Plusieurs villes angevines peuvent être conservées ou gagnées par la gauche plurielle», assurait Isabelle Galesne, secrétaire fédérale du PS, en recevant mercredi dernier François Hollande, premier secrétaire du PS. Elle citait notamment Cholet, St Barthélémy et Avrillé.

C'était peut-être vendre la peau de Marc Laffineur, député-maire DL sortant, avant de l'avoir tué. En effet, Avrillé connaît une situation politique atypique: Deux listes électorales revendiquent l'appellation «gauche plurielle»! L'appellation «gauche plurielle» serait-elle un sésame dont les candidats de gauche ne pourrait se passer pour franchir le Rubicon du premier tour des élections municipales 2001? Quand on observe la situation politique de la ville d'Avrillé il est permis de le penser. Jacques Graveleau et la liste «avrillais: citoyens solidaires» (divers gauche et communistes) d'un côté de l'aile gauche; la liste Daniel Chéret de l'autre côté. Tous deux revendiquent l'alliance des forces de gauche. Face à eux, Marc Laffineur, élu à ce poste depuis 1983. C'est la configuration électorale pour mars 2001 telle qu'elle se présente actuellement.

Un peu d'histoire. En 1995, Marc Laffineur a gardé la mairie d'Avrillé avec 51,75% des suffrages. A l'époque Daniel Chéret était deuxième sur la liste Graveleau. Le premier, Daniel Chéret, tirant les leçons du scrutin, a pris la tête de la tête de la liste de gauche visiblement sans l'avis du second, Jacques Graveleau, qui a donc constitué la sienne. A ce problème de personne, il convient d'ajouter des divergences de vue des deux conseillers municipaux quant à la politique municipale. Jacques Graveleau soutient ouvertement l'association Cactus et la construction d'un tunnel dans le cadre du contournement Nord d'Angers alors que Daniel Chéret s'appuie sur les expertises réalisées tout en restant à l'écoute des revendications de Cactus. Mais le Contournement Nord n'est pas le seul sujet épineux. Parc du Végétal et Communauté d'Agglomération divisent également les deux «frères ennemis» de la gauche avrillaise.

Du coup, n'en déplaise à Isabelle Galesne, la victoire est loin d'être promise au PS à Avrillé. En effet, la liste de Jacques Graveleau soutenue par Michel Baujon, conseiller municipal communiste, est la seule à soutenir ouvertement un tunnel à Avrillé, de quoi récupérer le vote de tous ceux - combien sont-ils? - qui à Avrillé ne sont pas heureux du tracé du futur contournement. Jacques Graveleau est par ailleurs connu des Avrillais et sa liste pourrait ainsi damer le pion à celle de Chéret.

La division à gauche servira-t-elle le maire sortant? C'est la crainte exprimée par Daniel Chéret qui déclare que «la division n'a jamais fait gagner une équipe». Une union de la gauche paraît difficile à réaliser actuellement: le parti communiste départemental soutien la liste «avrillais: citoyens solidaires» alors que le parti socialiste appuie la liste Chéret. «Avec le parti communiste [l'union] sera extrêmement difficile», explique Daniel Chéret qui reste malgré tout ouvert à des propositions de la liste Graveleau allant dans le sens de l'union. Philippe Denis, secrétaire départemental du PC, parle d'une liste Graveleau «gauche plurielle sans le parti socialiste» et d'une liste Chéret «gauche socialiste». Si le secrétaire départemental déclare que «tous les efforts sont faits pour parvenir à une union et gagner», la réussite de cette union semble bien compromise.

Après Angers et Trélazé, c'est donc au tour d'Avrillé de connaître les désaccords de la gauche plurielle. A Angers, le maire sortant PS, Jean-Claude Antonini, refuse de composer avec les communistes. A Trélazé, même situation, à l'exception qu'il n'y a pas de candidat de droite contre le maire socialiste sortant, Marc Goua et la liste du «cœur à l'ouvrage».

Cependant, Marc Laffineur ne peut trop se réjouir. En effet, si la liste Graveleau parvient à l'emporter au premier tour, il ne fait nul doute que les voix de la liste Chéret se reporteraient sur elle. Ce serait au tour de Marc Laffineur de devoir faire face aux mécontents du contournement de gauche comme de droite.

Christophe Béchu, adjoint à la communication de la mairie d'Avrillé, estime que «les élections municipales ne sont pas un referendum sur le contournement Nord». La liste Graveleau "Avrillais Solidaires", avec le soutien actif de l'association Cactus sans nul doute, s'emploie en tous cas à le garder au centre des débats. Peut-on imaginer un maire défendant le tunnel à Avrillé? Politique fiction? La multiplication des liste «gauche plurielle» est en soi déjà un étonnant prologue.

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