MUNICIPALES
2001: «LE DÉFERLEMENT DÉMAGOGIQUE DE CACTUS EST STUPÉFIANT»,
CHRISTOPHE BECHU
21 Novembre 2000
Christophe Béchu est adjoint au maire d'Avrillé, Marc Laffineur. Il
se présentera à la fois sur la liste Laffineur pour les élections
municipales et au siège de Conseiller Général du Canton Angers
Nord-Ouest pour les cantonales qui auront lieu simultanément. Entretien
avec un des rares jeunes politiques angevins.
ANGERS JOURNAL: Christophe Béchu, vous vous présentez aux élections
cantonales qui ont lieu simultanément aux municipales. Figurerez-vous
sur la liste municipale de Marc Laffineur, maire sortant d'Avrillé et
à quelle position?
Christophe Béchu: Je figurerai sur la liste de Marc Laffineur, c'est
peut-être un peu tôt pour vous dire à quelle position.
A.J: François Hollande, premier secrétaire du PS, est passé par
Angers et a évoqué la mise en place d'une dose de proportionnelle dans
les élections cantonales, qu'en pensez-vous?
C.B: J'ai tendance à être plutôt hostile au scrutin proportionnel.
Parce que l'on ne choisit plus tout à fait ses élus et cela favorise
les partis politiques au détriment des hommes. Cela favorise l'étiquette
par rapport à l'homme et ma conception de la démocratie est que
l'important, c'est l'homme plus que le parti auquel il se réfère.
A.J: On assiste à un renforcement des structures intercommunales, la
Région a un budget colossal, où se situe le département et a t-il un
avenir?
C.B: Il est certain qu'à première vue, la département est en perte de
vitesse. Mais, on se trompe. Il y a une mission appelée «mission
Mauroy» qui réfléchit à l'avenir de la décentralisation. Un
consensus s'est dégagé de cette réflexion qui considère que le département
est un échelon indispensable et irremplaçable car c'est un échelon de
proximité. Il est vrai que la région a un rôle considérable à jouer
mais elle est loin des gens. La Communauté d'Agglomération a également
un rôle à jouer mais il y a un problème démocratique car on n'élit
pas au suffrage universel les membres qui la composent. D'autre part, le
principe même de la Communauté d'Agglomération est de toujours avoir
le poids de la ville centre. Alors que département permet une
redistribution, un équilibrage, entre la ville et la campagne. Voilà
ce qui est intéressant dans le département: il y a une représentation
des territoires et pas seulement de la population. Au sein d'une
Communauté d'Agglomération, les villes suivant leur taille ont plus ou
moins de sièges au Conseil. Au sein du département, ce n'est pas cela.
Il y a des cantons qui représentent un territoire, une zone importante
dans laquelle on a envie d'insuffler de la vitalité, de montrer qu'il y
a un aménagement du territoire qui est possible. C'est important d'être
proche pour ne pas trop se couper des réalités. Le département est
suffisamment éloigné pour prendre un peu de recul et suffisamment
proche pour bien coller à la réalité. C'est évident que
l'intercommunalité va dans le sens de l'avenir mais cela ne condamne
pas pour autant le département. Plus on s'éloigne et plus on entre
dans l'abstrait, plus on s'approche et plus on entre dans le concret.
A.J: Vous évoquez une carence démocratique de la Communauté
d'Agglomération, vous seriez pour une élections au suffrage
universelle directe du président de l'agglomération?
C.B: Je constate aujourd'hui qu'il y a une carence démocratique, je ne
connais pas la solution. Il y a peut-être un solution intermédiaire à
trouver. Le fonctionnement actuel ne me satisfait pas totalement mais je
mesure qu'il y aurait des risques si l'on élisait directement le président
parce que cela accélérerait la disparition des communes. Je suis pris
entre le constat de déficit démocratique et la conscience qu'il a du
danger.
A.J: Dans un contexte tel que la Communauté d'Agglomération du
Grand Angers, est-ce que les communes ont encore une raison d'être?
C.B: Elles ont perdu un certains nombre de leurs compétences. Perdre la
compétence économique n'est pas forcément très agréable pour une
commune mais il y a une logique. Les compétences qui restent sont les
compétences de proximité. Le soutien à la vie associative est un plan
extrêmement important. Au niveau communal, on a la possibilité de
mieux connaître les associations, d'être capable de répondre d'une façon
plus juste et plus rapide à leurs besoins. De plus, même si la commune
n'a plus toute la maîtrise du développement urbain, elle attribue les
permis de construire et peut envisager l'extension d'une zone ou le réaménagement
d'une autre.
A.J: Il y a un consensus à rechercher entre les communes et la
communauté d'agglomération et dans la communauté d'agglomération.
Est-ce que ce n'est pas au détriment d'une C.A plus politique?
C.B: Je ne crois pas. On peut chercher l'intérêt général sans pour
autant s'opposer, avec le dialogue, on arrive à dénouer énormément
de situation, même quand on pressentait des blocages au départ. Il n'y
a pas de raison qu'il en soit autrement au sein de la future communauté
d'agglomération.
A.J:
Est-ce que ce dialogue pourrait fonctionner pour le contournement
Nord?
C.B: On peut dialoguer quand on est entre gens responsables. On
assiste à un déferlement démagogique qui me laisse stupéfait.
Il y a une association (ndlr: Cactus) qui demande une expertise et
obtient cette expertise. L'expertise va dans le sens de tous les
constats et études qui avaient été faites notamment une étude
réalisé en 1996 par un cabinet indépendant. Cette étude
concluait déjà que le tunnel s'accompagnerai d'une rocade en
surface et que la solution serait plus nuisante pour les
riverains. Alors que les choses sont claires, il y a une
association qui pratique la fuite en avant et qui continue à
proclamer à tort et à travers que le tunnel est encore possible.
Il y a une raison qui est très claires derrière tout cela: c'est
l'approche des échéances électorales, il n'y a pas de hasard
dans les prises de position de l'association Cactus. C'est de la démagogie
appliquée aux échéances électorales. A partir de là, il n'y a
pas de dialogue possible avec les responsables qui ont
manifestement décidé de jouer un va-tout démagogique à
l'approche des élections.
A.J: Etes-vous de ceux qui estiment que les propriétaires qui
ont acheté à proximité du tracé savaient très bien que le
contournement Nord passerait par là un jour ou l'autre et qu'ils
n'auraient pas dû acheter là.
C.B: Je ne dis pas qu'ils n'auraient pas dû acheter là. Je
dis que ceux qui ont acheté leur terrain dans les quarante dernières
années, étaient au courant qu'une autoroute se ferait à
proximité. Je ne veux pas porter de jugement de valeur
sur le fait qu'ils aient acheté là ou ailleurs.
A.J: La mairie ne leur a pas dit «attention, vous achetez là
mais il y a l'autoroute qui doit passer!»
C.B: Précisément, ça a toujours été le cas. Les gens ont systématiquement
été tenus au courant. La mairie n'est pas la seule à avoir
cette propriété du plan d'occupation des sols. Le tracé est
dans l'air du temps depuis 1962, inscrit dans les documents
d'urbanisme depuis 30 ans. Il y a un devoir d'obligation qui
accompagne la vente des terrains qui est de préciser les projets
qui s'attachent au terrain ou à proximité des terrains vendus.
Il n'y a jamais eu de manque de transparence à ce sujet. Je ne
peux pas le garantir pour la période où je n'étais pas là.
Il y a beaucoup d'amélioration que Marc Laffineur notamment, a réussi
à obtenir auprès de Bernard Bosson (ancien ministre des
transports) en 1994.
A.J: Est-ce que le contournement Nord ne va pas s'emparer du débat
au dépend d'autres questions à l'approche des élections?
C.B: Je ne le souhaite pas. Quand vous êtes amenés à faire un
choix politique par rapport à une élection, votre choix vous le
faites en fonction d'un certain nombre de projets et pas par
rapport à un seul. Les élections municipales ne sont pas un
referendum sur le contournement nord. Il y a d'autres thèmes que
celui là, notamment le parc du végétal. C'est un thème qui
m'intéresse à double titre car il est situé sur le canton où
je me présente. C'est une chance extraordinaire pour la ville.
C'est 200 emplois permanents et autant d'emplois saisonniers, des
retombées économiques pour les commerçants d'Avrillé. C'est
une valorisation des terrains situés à proximité, c'est aussi
une opportunité pour repenser l'urbanisation d'Avrillé et je
l'espère, l'allure du quartier Verneau. C'est surtout une démonstration
que les espaces libres ne riment pas systématiquement avec des
espaces urbanisables.
A.J: La division à gauche (deux candidats déclarés)
sert-elle le maire sortant et vous même?
C.B: Je ne me préoccupe pas des accords et des désaccords de mes
adversaires. C'est vrai pour les cantonales comme pour l'équipe
qui se constitue en vue des élections municipales. Ce qui compte
c'est de présenter un projet aux avrillais qui se détermine sur
la base de ce projet.
A.J: Au départ, on parlait d'horticulture pour le Parc du Végétal,
de vitrine pour les entreprises horticoles et, petit à petit,
c'est devenu un parc d'attraction.
C.B: Ce parc repose sur trois piliers d'égale importance: le
paysager, le ludique et le culturel. Le Maine et Loire n'a pas le
rayonnement touristique qu'il devrait avoir, d'autre part, alors
que nous sommes un département leader dans le domaine de
l'horticulture, nous ne le valorisons pas du tout. Le constat a
amené à se dire qu'il fallait que l'on fasse une vitrine de
notre horticulture, un grand parc paysager et pour attirer du
monde, il faut que les gens aient envie de venir. Pour cela, il
faut qu'ils apprennent des choses, c'est le côté culturel et il
faut qu'ils s'amusent, c'est le côté ludique.
A.J: A Avrillé, il y a beaucoup de productions horticoles?
Plus qu'aux Ponts de Cé ou à Beaufort en Vallée (également
candidates pour accueillir le Parc)?
C.B: Non, pas tellement. Ce parc est implanté sur Angers et
Avrillé mais il va avoir un rayonnement sur la totalité de
l'agglomération. Ca n'a pas de sens d'opposer le parc du végétal
avec l'horticulture pratiquée aux Ponts de Cé. De plus, ce n'est
pas parce que le parc n'est pas installé à Beaufort en Vallée
que les habitants de Beaufort ne profiterons pas des retombés de
ce parc. L'endroit choisit par le Conseil Général donne le plus
de gages pour sa réussite future. La proximité de la gare TGV,
il y a des infrastructures pour le desservir, le site choisi est
vierge et il y assez peu d'aménagement à faire, il y a une vue
extrêmement dégagée qui domine l'île saint Aubin... ce sont
des atouts de positionnement qui faisaient que le site que nous
avons proposé a été retenu.
La politique est quelque chose qui se fait en ayant les deux pieds
dans le réel. Les politiques ont à leur charge la bonne gestion
de l'argent des contribuables et il ne s'agit pas de se faire
plaisir. La logique qui a abouti à ce que ce site soit retenu est
précisément une logique de bonne gestion. |
A.J: Avez-vous des nouvelles du Club des Jeunes Elus?
C.B: J'espère que cela se développera après le mois de mars et que
j'appartiendrai toujours à cette catégorie. Nous avons mis en place ce
club pour qu'il se développe à partir des prochaines élections et qui
doit susciter un certain nombre de candidatures de jeunes. Je crois que
la politique a besoin d'un profond renouvellement de ses visages et de
ses hommes. Le mouvement des jeune élus répond à cette vision des
choses.
A.J: Démocratie Libérales en Anjou, c'est quelque chose qui
fonctionne?
C.B: Oui, je crois que les partis politiques sont un peu éclipsés dans
cette phase d'élections municipales. Ce qui prime est de s'arranger
pour faire l'union et ce n'est pas son étendard ou sa bannière
personnelle que l'on va mettre en avant. A titre personnel, j'appelle de
mes voeux la constitution d'un grand parti de l'opposition. Ce chantier
sera à mettre en place quand on sera dans la perspectives d'élections
nationales.
A.J: En 2001, cela fera 20 ans que la droite essaie de faire ce grand
parti. On sens la montée de candidats potentiels dans chaque parti, ça
ne va pas à contrario de l'Union?
C.B: C'est prématuré. Je crois que la vraie question est «quel est
l'intérêt général?» En fonction de cela, il faudra déterminer quel
est le candidat et non pas en fonction des ambitions des uns et des
autres.
A.J: Le poste de Conseiller Général, c'est une première étape?
C.B: Je n'ai pas de plan de carrière. Je suis dans une logique où je
me présente au suffrage des électeurs du canton d'Angers Nord Ouest et
je vais tout faire pour que cela se passe bien. Je suis incapable de
tirer des plans sur la comète.
A.J: L'idée libérale a fait son chemin en France. Vous saluez cette
avancée ou peut-on aller beaucoup plus loin?
C.B: Tout dépend de ce qu'on appelle l'idée libérale et dans quel
domaine on l'applique. Ce qui est sûr est qu'il y a des choses qui vont
dans le bon sens mais globalement, on est encore très loin du compte.
Si l'on ne fait pas d'économie au niveau de l'Etat, on sera incapable
de rendre l'argent aux gens. C'est mathématique. Il faut alléger les
formalités administratives et diminuer le poids des prélèvements et
des charges qui sont considérables et écrasent le créateur de
richesses.
On peut prendre l'exemple de la redevance télé. Quand on voit le
nombre de personnes nécessaires pour collecter cette redevance, l'impôt
fini par s'auto justifier. C'est parce qu'il y a des fonctionnaires pour
le prélever que vous avez l'impôt. C'est un peu aberrant. L'Etat
n'arrive pas à se reformer, quand on voit que l'Etat ne connaît pas le
nombre de fonctionnaire qu'il y a en France! C'est ahurissant,
incroyable.
Copyright © 2000 Angers Journal
SAS - Tous droits réservés |