Les élections municipales 2001 d'Avrillé s'acheminent vers une
configuration Jacques Graveleau et Daniel Chéret sur le flanc
gauche et Marc Laffineur, maire sortant, à droite (bien que ce
dernier n'ait pas encore confirmé sa candidature). Jacques
Graveleau explique cette fracture de la gauche plurielle et
apporte son lot de critiques sur la gestion municipale.
Angers Journal: Pouvez-vous vous présenter aux lecteurs
d'Angers Journal?
Jacques Graveleau: Qui suis-je? Mes racines sont avrillaises et je
me suis engagé dans la vie associative ce qui m'a amené tout
naturellement à m'engager dans la vie municipale. J'ai 47 ans et
je suis directeur adjoint au lycée Monnier à Angers. Je suis
conseiller municipal depuis 1995, j'étais tête de liste. Depuis
1997, il y a une tradition à Avrillé d'avoir une liste d'union
à gauche.
A.J.: Est-ce que cette tradition va être respectée en 2001?
J.G.: C'est mal parti à mon avis. Pour le moment, deux listes de
gauche se dessinent malgré les négociations pour constituer une
liste commune. Face à cette situation (NDLR: le PS et le PC se
sont prononcés en faveur de Daniel Chéret), nous avons commencé
à travailler avec «Avrillé Solidaire» qui souhaite participer
au débat, avec comme finalité de constituer une liste.
A.J.: Il va donc y avoir une sorte de «primaire» à gauche au
premier tour?
J.G.: Cela ne dépend pas que de nous, cela dépend également du
parti socialiste. Il y a une gauche qui se réunit autour de
Daniel Chéret et les laissés pour compte qui sont devant le fait
accompli et qui se doivent de réagir.
A.J.: Marc Laffineur a toujours été élu avec peu de voix
d'avance, comment pouvez vous capter ces suffrages?
J.G.: Le climat politique national a beaucoup évolué, la gauche
a gagné en crédibilité. Après 18 ans d'expérience Laffineur,
les avrillais peuvent aspirer à une autre vie municipale.
A.J.: Le contournement Nord sera
difficile à évacuer du débat pour les municipales, comment vous
situez-vous par rapport au projet actuel, à l'association Cactus?
J.G.: Nous considérons que le projet actuel est dépassé même
s'il est nécessaire. La manière dont il est réalisé n'est pas
conforme aux exigences environnementales d'aujourd'hui. Il y a des
ambiguïtés dans ce projet et trop de choses sont confuses pour
pouvoir trancher. Les solutions techniques avancées ne sont pas
satisfaisantes parce qu'il y a des interrogations notamment au
niveau des échangeurs. On voit mal la fonction remplie par l'échangeur
de Carrefour comme il est envisagé actuellement. Il y a beaucoup
trop d'incertitudes sur l'aménagement du plateau des Capucins
pour que l'on puisse être satisfait.
A.J.: Êtes-vous favorable à un tunnel
comme le propose Cactus?
J.G.: La proposition du tunnel a le mérite de reposer le problème
dans sa juste proportion. Des experts se sont prononcés pour une
solution et d'autres experts estiment qu'il y a d'autres
solutions. On voit donc que cela mérite de réfléchir à deux
fois avant de trancher.
A.J.: Vous n'avez pas été étonné de
voir Roselyne Bachelot et son opposition municipale d'Angers venir
au secours de Cactus?
J.G.: Il n'y a pas de clivage droite-gauche sur la manière de
concevoir la circulation de l'agglomération. J'espère que l'on
peut dépasser ces clivages quand on parle des problèmes de
circulation. L'opposition a besoin d'exister aussi et elle se
manifeste de cette façon.
A.J.: Lors du dernier conseil municipal d'Avrillé (26/10/00),
vous résumiez le Parc du Végétal à un parc d'attraction?
J.G.: Nous sommes choqués de la manière dont sont conduites les
opérations, la rapidité avec laquelle les décisions sont
prises. Alors qu'il y a un enjeu fort pour l'agglomération, on se
précipite vers une première solution. On aurait dû mener une réflexion
globale pour savoir comment cet espace pouvait tenir compte des
enjeux de l'Agglomération Angevine.
A.J.: Vous pensez qu'il aurait eu plus sa place aux Ponts de Cé
ou à Beaufort en Vallée (villes candidates)?
J.G.: Je trouve un peu fort pour les gens qui ont été
initiateurs du projet de se le voir confisquer pour des raisons
purement économiques. Lorsque l'on demande à un cabinet
d'experts de choisir le lieu le plus propice, il est évident que
le plateau des Capucins et le terrain d'aviation remplissent plus
la fonction mais ce n'est plus un choix politique mais un choix économique.
A.J.: La Communauté d'Agglomération du Grand Angers sera
t-elle un outil permettant de mieux gérer l'aménagement du
territoire?
J.G.: Ce qui est intéressant est que cela permettra d'avoir
davantage de cohérence dans les choix sur les grandes
orientations. Encore faut-il que ces grandes orientations fassent
l'objet de débat. Je crois que le Conseil de la Communauté
d'Agglomération ne pourra pas se contenter de réfléchir en son
sein mais devra d'avantage consulter les élus municipaux. Il y a
un véritable enjeu de démocratie locale sur la nature de la
relation qui doit s'établir entre la Communauté d'Agglo et les
conseils municipaux. Si on n'y prend pas garde, on risque
d'enlever aux conseils municipaux tout leur intérêt.
A.J.: Vous seriez pour une élection au suffrage universel
direct du président de la Communauté d'Agglo?
J.G.: Ce serait lui donner un peu plus de légitimité et aussi un
moyen d'avoir des sanctions politiques lorsque les choix sont jugés
inopportuns.
A.J.: Ne pensez-vous pas que cela viderait les mairies de leur
substance comme le craignent beaucoup d'élus locaux?
J.G.: Il faudrait trouver des méthodes d'animation et de gestion
de la vie démocratique qui soient autres que ce qui se fait
actuellement. La politique de la ville doit faire l'objet d'un débat
préalable au sein des conseils municipaux avant que les gens qui
sont mandatés pour aillent au Conseil de l'Agglomération. Il y a
un phasage dans le débat démocratique qui est absolument
indispensable et on s'en mord les doigts. Si on ne prend pas la précaution
de consulter les gens directement intéressés, il y a un décalage
entre la réaction des populations et les projets proposés par
les experts. On ne peut pas avoir un décalage trop fort entre les
habitants et les décisions qui sont prises. Il y a tout un mode
de fonctionnement qu'il faut réinventer. Inonder la population
avec de la sur-information venant du district, cela risque d'être
un peu limité, il faut qu'il y ait vraiment débat.
A.J.: Où en est le programme d'Avrillé Solidaire pour les élections
municipales?
J.G.: On est resté sur les idées que l'on avait développées en
1995, une manière de remettre la démocratie au coeur de la vie
municipale, en essayant d'associer les habitants dans les décisions.
A.J.: Comment cela peut se faire pratiquement?
J.C.: Cela peut se faire par divers moyens. Il faut redonner aux
quartiers la possibilité de s'exprimer, non seulement sur les
problèmes matériels qui les touchent mais également sur les
enjeux de leur vie quotidienne. Il y a actuellement une approche
essentiellement gestionnaire de l'activité municipale.
Marc Laffineur est député-maire et vice-Président du Conseil
Général, comment vous situez-vous par rapport au cumul des
mandats?
J.G.: Le danger est la confusion des genres. On le voit bien pour
le Parc du Végétal, entre un conseiller général et un maire on
ne sait pas trop qui parle et les débats sont court-circuités.
On déplore qu'il n'y a pas assez de gens qui s'intéressent à la
vie politique mais le meilleur moyen c'est d'inciter le maximum de
gens à s'y intéresser en limitant le cumul des mandats. Je
trouve qu'il est difficile actuellement d'être à la fois maire,
vice-président du District et Conseiller Général or c'est la
configuration la plus retenue dans l'agglomération angevine.
A.J.: Quelle est l'identité avrillaise?
J.G.: C'est une ville périphérique qui doit apporter sa
contribution au dynamisme de l'agglomération sans pour autant se
fondre en elle. C'est bien que les habitants puissent s'identifier
à une ville, à un lieu, de manière à pouvoir participer au débat.
Une ville de 15.000 habitants est encore de taille humaine et
permet à tous de pouvoir s'intéresser aux diverses facettes de
la ville.
A.J.: Est-ce qu'il y a des personnalités politiques au niveau
national dont vous vous sentez proche?
J.G.: J'ai une sensibilité assez proche des gens du PS: Lionel
Jospin, Martine Aubry, Elisabeth Guigou ou Jacques Delors sont des
personnalités politiques qui ont une rigueur intellectuelle appréciable.
A.J.: Pensez-vous que la Communauté d'Agglomération puisse
jouer un véritable rôle au niveau européen comme on l'entend régulièrement?
J.G.: Il faut rester raisonnable, la Communauté d'Agglomération
n'est pas faite pour les gens extérieurs mais pour ceux qui y
vivent. Les Communautés d'Agglomération se sont mises à grossir
et ont un effet attractif. Il faut voir les intérêts que l'on
peut avoir à travailler ensemble, trouver une logique commune.
A.J.: Daniel Chéret tire les leçons de l'élection municipale
de 1995 et déclare qu'il vaut mieux qu'il parte en tête de la
liste de gauche pour avoir plus de chances. Ne pensez-vous pas
qu'il aurait été préférable d'être sur sa liste et le laisser
partir en tête?
J.G.: Je ne pense pas que cela soit un problème de personne mais
d'avantage une manière de travailler et une manière de conduire
un projet pour les avrillais. S'il ne s'agissait que d'un problème
de personne, je crois que le problème serait vite résolu. Il
faut d'abord défendre un projet avant de demander à des gens de
s'engager sur une liste. L'équipe Chéret désigne d'abord des
gens avant de les mettre au travail, la démarche est inversée.
Il veut (D.Chéret) mesurer ses forces, cela ne me gène pas,
est-ce que c'est dans l'intérêt des Avrillais, je n'en suis pas
convaincu.
Propos recueillis par Denis Massardier
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